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Appel à communications "Conversion religieuse et espace politique. Nouveaux angles d'approche"

Publié le 23 février 2017

Appel à communication "Conversion religieuse et espace politique. Nouveaux angles d'approche", Colloque, 24, 25 et 26 janvier 2018, UPEC, organisé par Isabelle Poutrin, maître de conférence et directrice du CRHEC, et Claire Sotinel, professeur et membre du CRHEC.

Date(s)

du 23 février 2017 au 15 avril 2017

Depuis 2014, le programme POCRAM travaille sur les variations du regard et de l’attitude du pouvoir politique face aux conversions religieuses de la fin de l’Antiquité à la fin du XVIIe siècle. La double originalité de cette démarche, placer le politique au centre de l’observation de la conversion et travailler sur la longue durée, a permis de confirmer que les attitudes du pouvoir politique face au changement religieux sont un angle d’approche privilégié pour mieux comprendre la place de la religion dans les sociétés, et questionner la notion même de religion.

Le colloque de 2018 est l’aboutissement de ce programme. Inspiré par les questionnements qui ont émergé de nos travaux précédents, conservant la perspective de la longue durée, il élargit les terrains d’enquête, ajoutant à la rencontre des trois grands monothéismes d’autres configurations habituellement moins travaillées et des horizons géographiques et culturels plus larges : christianisme et autres religions que le judaïsme et l’islam, par exemple hindouisme, bouddhisme, zoroastrisme, religions africaines, amérindiennes, ou encore rencontres entre religions non-chrétiennes, par exemple entre islam et bouddhisme. Cet élargissement des horizons devrait nous conduire à solliciter de façon privilégiée des spécialistes des aires non-européennes.


Le colloque prendra en compte aussi bien les dynamiques de conversion globale impulsée par une minorité en situation de domination politique (conversion de l’Empire romain, conversion des royaumes par leur prince, première expansion de l’islam, politiques de conversion liées à l’expansion coloniale), que les relations entre pouvoir politique et minorités religieuses (construction des États confessionnels modernes, gestion de la pluralité religieuse dans un cadre impérial).

Dans ce cadre, vous êtes invité à proposer une communication traitant des relations entre conversion religieuse et espace politique, en privilégiant les angles d’approche suivants :

- conversion et construction politique : diverses échelles peuvent être envisagées, « nation », peuple, empire, monarchies composées.
- conversion et espaces : cet angle d’approche renvoie notamment à l’inscription territoriale de la conversion – à diverses échelles – voire au déplacement de groupes ou d’individus, et plus généralement aux procédés d’ingénierie démographique employés pour inscrire le changement de religion sur le territoire.

1. La conversion comme rupture identitaire

Entrée dans une « communauté imaginée » de croyants, la conversion religieuse procède d’une rupture avec la communauté d’origine et fonde une nouvelle identification avec le groupe d’arrivée. Dans quelle mesure la redéfinition identitaire que ce mouvement suppose peut-elle trouver une analogie dans d’autres types de changement d’identité tels que l’adoption ou la naturalisation ? On pourra aussi tenter de repérer les éventuelles contaminations entre les notions d’adoption, de conversion et de naturalisation. Dans quelles situations la conversion religieuse implique-t-elle une rupture généalogique explicite, la procédure de conversion incluant le rejet des ancêtres du converti ayant vécu dans l’erreur, et l’adoption symbolique de nouveaux ancêtres ? Une telle conception de la conversion a-t-elle pu être un obstacle au prosélytisme ? On s’intéressera ici, non pas à la psychologie du converti, mais aux présupposés et aux implications politiques de la rupture et de la recomposition identitaire.

2. Fixité / fluidité des appartenances : conversion et ethnicité

On s’interrogera sur les modalités de la conversion (voire son impossibilité) dans les contextes où l’identité de l’individu est définie par rapport à un groupe qui est à la fois religieux et « ethnique » et où le groupe religieux d’arrivée est, soit défini comme relevant d’une « ethnie » voire d’une « race » différente du groupe d’origine, soit indifférent à ces critères d’appartenance. Comment le passage de l’un à l’autre est-il considéré ? On s’intéressera en particulier à la confrontation entre les monothéismes universalistes (christianisme, islam) et d’autres traditions plus ancrées dans un groupe, un peuple, un territoire. On pourra aussi s’intéresser à la tension, à l’intérieur des grands monothéismes, entre d’une part, un universalisme en principe indifférent aux appartenances « nationales », « ethniques » ou « raciales », et l’apparition de particularismes définis sur ces même critères.

3. Conformité des comportements/sincérité de la conversion

Dans quels contextes et à quelles époques les autorités se contentent-elles d’une conformité de comportement des convertis (apparence, pratiques) avec les fidèles « normaux » ? L’indifférence aux motivations et à la sincérité « spirituelle » du converti est-elle liée à des contextes où la religion est fortement extériorisée et prégnante dans tous les aspects de la vie sociale, de sorte que ce contrôle social dispenserait les autorités de scruter l’intériorité des convertis ? Peut-on repérer une antinomie systématique entre les politiques pro-conversion visant à faire entrer dans le groupe une large quantité d’adeptes, et l’exigence d’un contrôle qualitatif de leurs motivations ? Peut-on situer un moment-rupture historique, ou un type de situations, où apparaît l’exigence de la « sincérité » intérieure du converti ? Cette exigence serait-elle liée à des agencements spécifiques des rapports entre groupes religieux, ou le fruit d’une évolution de longue durée telle que l’approfondissement de la notion d’individu ?

La question de la vérification de la conversion a été explorée lors des précédents colloques, le thème de la défiance envers les convertis au christianisme apparaissant dans de multiples contextes. En dehors de l’aire chrétienne, peut-on repérer des contextes où l’écart entre l’affiliation publique du converti et ses fidélités intérieures est perçu comme un problème d’ordre public et de sécurité intérieure ?

4. Populations ou groupes-cibles des entreprises de conversion

On s’intéressera ici au ciblage de groupes en fonction d’un ou de plusieurs critères (âge, sexe, classe ou statut, appartenance ethnique ou religieuse supposée) par les entreprises de conversion, en lien avec la construction d’un espace politique (impérial, « national », colonial etc.) et à la traduction de ce phénomène sur le territoire considéré.

5. Procédures et rites de conversion dans l’espace politique

On s’intéressera enfin aux procédures et aux rites de conversion dans la mesure où ils sont publics et visibles, s’inscrivent dans l’espace politique et participent de la construction ou du renforcement du pouvoir politique.

• Lieu
La rencontre aura lieu à l'Université Paris-Est Créteil (UPEC).

• Format et calendrier des propositions de communication

Les communications (25 mn.) pourront être présentées en français ou en anglais. La langue de publication sera l’anglais.
Les propositions doivent être envoyées, accompagnées de vos coordonnées et rattachement institutionnel, avant le 15 avril 2017 à pocram.anr@gmail.com
L’acceptation des propositions sera notifié au plus tard le 30 avril.

• Comité d'organisation
- Isabelle Poutrin, maître de conférences en histoire moderne à l'UPEC et directrice du CRHEC
- Claire Sotinel, professeur d'histoire ancienne à l'UPEC et membre du CRHEC