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Irène Plasman-Labrune, docteur du CRHEC, distinguée pour sa thèse sur les rapports entre "États, Églises, étrangers"

Publié le 3 janvier 2017

La thèse en histoire d’Irène Plasman Labrune « États, Églises, étrangers. Favoriser, contrôler et exclure dans la France du premier âge moderne (XVe-XVIIe siècle) », vient d’être saluée par le prix de thèse de l’université Paris Est le 8 novembre 2016. Au sein de l’école doctorale « cultures et sociétés », elle a été dirigée par Jean-François Dubost, professeur en histoire moderne et chercheur au CRHEC.

Date(s)

le 2 janvier 2017

Quel est votre parcours universitaire ?

J’ai eu un parcours académique très classique : j’ai été élève à l’Ecole normale supérieure (Paris) et j’ai passé l’Agrégation d’histoire (2005) avant de faire un Master 2 d’histoire à l’UPEC.

Quelles sont les grandes lignes de votre thèse ?

Partant du XVe siècle, la thèse a montré comment le critère national est d’abord utilisé par la monarchie contre le pape, pour affirmer son contrôle sur l’Eglise de France.
Le critère national est par la suite à nouveau mobilisé au moment des guerres de Religion (seconde moitié du XVIe siècle) mais de façon beaucoup plus large, en particulier pour dénoncer un pouvoir royal trop complaisant envers les étrangers. De façon décisive, la restauration de l’autorité royale sous Henri IV s’accompagne d’une promotion du critère national désormais considéré comme le fondement du lien entre le roi et ses sujets qui ne partagent plus la même foi. Cette vision beaucoup plus idéologique du critère national associé à un impératif d’obéissance de la part des sujets justifie la mise en place d’une politique répressive contre un groupe ultra-minoritaire, celui des pasteurs étrangers.

A côté de cet approfondissement idéologique, on observe également que la promotion du critère national constitue, de façon localisée, un outil dans l’intégration des nouvelles provinces conquises au cours du XVIIe siècle : c’est depuis les marges du royaume et à travers la minorité protestante que se reformule progressivement l’idée d’appartenance nationale comme corollaire d’un impératif de soumission.

Quels enjeux votre thèse souligne-t-elle ?

Il s’agissait de décrire un aspect de la reformulation des appartenances collectives dans le double contexte d’affirmation de l’Etat monarchique et de division religieuse (XVIe-XVIIe siècle) à travers le cas particulier des gens d’Eglises étrangers, en étudiant l’attitude du pouvoir royal à la fois sur le plan théorique (production des normes) et sur le plan pratique (politique d’exceptions).

Pourquoi, selon vous, cette thèse a-t-elle été récompensée ?


Difficile de répondre ! Plusieurs pistes possibles : tout d’abord un sujet « dans l’air du temps », qui suscite facilement des comparaisons avec le monde actuel, ensuite (et surtout !) le fait que la thèse ait abordé une période longue (XVe-XVIIe siècle) permettant de mieux saisir et resituer les évolutions.

J’ajouterai également une possible qualité de la thèse : avoir confronté des sources très diverses pour dresser une cartographie des usages du critère national sans négliger le fait que ce critère n’est pas utilisé de façon massive par tous les acteurs. Cela permettait a contrario d’analyser de façon plus précise l’utilisation du critère par le pouvoir royal, par exemple.

Que diriez-vous par rapport à l’encadrement de thèse dont vous avez bénéficié ?

L’encadrement de la thèse a essentiellement reposé sur le dialogue puis les relectures et remarques de mon directeur, Jean-François Dubost. Le CRHEC fournit désormais une formation à ses doctorants, ce qui n’était pas encore en place quand j’ai commencé ma thèse. Je regrette de ne pas avoir pu suivre, du fait de mes contraintes professionnelles, celles proposées par l’université Paris Est.

Quels développements ultérieurs envisagez-vous pour ces travaux de recherche ?

Je travaille actuellement à remanier la thèse pour la publication et à une possible comparaison européenne autour de l’utilisation juridique du critère national à l’époque moderne.

Quelle est votre situation professionnelle actuelle ?

J’enseigne en lycée et j’assume également une charge de cours à l’UPEC en L2 d’histoire.

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