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Soutenance de thèse d'Arthur Adrien

Publié le 24 octobre 2025

Soutenance de thèse d'Arthur Adrien, doctorant au laboratoire CRHEC de la faculté Lettres Langes et Sciences Humaines de l’UPEC.

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Date(s)

le 31 octobre 2025

Présentation

Titre : La direction spirituelle par Mgr Charles Gay de Mère Thérèse-Emmanuel (Catherine O'Neill) : 1849-1888. Édition critique de la correspondance, analyse théologique et contextualisation historique

Charles Gay, né en 1815 dans la bourgeoisie religieusement indifférente de Paris, est rejoint par le mouvement « catholique libéral » des années 1830. Il se convertit en 1836 et entame, trois ans plus tard, une carrière ecclésiastique. Doté d’un fort rayonnement spirituel, il se voit confier, en 1849, par sainte Mère Marie-Eugénie Milleret, supérieure générale des religieuses de l’Assomption, la direction spirituelle de Catherine O’Neill, en religion Mère Thérèse-Emmanuel. Née à Limerick en 1816, arrivée à Paris en 1838 pour un séjour linguistique, cette Irlandaise a participé en 1839 à la fondation de ce nouvel institut religieux dédié à l’éducation des filles, notamment de la bourgeoisie libérale. Maîtresse des novices de sa congrégation, sa vie spirituelle est caractérisée par une lucidité hors du commun sur l’union à Dieu. La relation de direction de conscience avec Charles Gay dure jusqu’au décès de la religieuse irlandaise en 1888. Le directeur trépasse lui, en 1892.

Pendant quarante années, Charles Gay a été guide et témoin privilégié de la vie spirituelle de sa dirigée structurée autour de la continuation du mystère de l’Incarnation et l’identification à l’Enfant Jésus. Les correspondants connaissaient les meilleurs théologiens de la tradition catholique, en particulier saint Thomas d’Aquin et les auteurs mystiques du XVIIe siècle français. La direction de l’abbé Gay exige de la religieuse un progrès dans l’union à Dieu dans une foi qui assume le caractère inédit de son itinéraire, et renonce à imiter servilement les modèles hagiographiques du passé. L’itinéraire théologique de Charles Gay et de Mère Thérèse-Emmanuel est marqué par un « sentiment d’égalité » entre eux. Les correspondants élaborent à deux, au fil de leurs interactions, une théologie à la fois inscrite dans une tradition et caractéristique de leur temps.

Leur discours sur Dieu s’est diffusé dans un réseau spirituel organisé autour de couvents de Paris, du Poitou et du Limousin. Il se retrouve dans l’ouvrage De la vie et des vertus chrétiennes considérées dans l’état religieux, publié par Charles Gay en 1874. Le succès de ce livre fait de Charles Gay la première autorité contemporaine pour la vie spirituelle d’expression francophone jusqu’à la première guerre mondiale.

La relation Charles Gay-Mère Thérèse-Emmanuel a en arrière-fond l’essor de la vie religieuse féminine qui traverse le siècle et le dialogue entre l’autorité doctrinale de l’Église et les interprètes de la modernité qui conçoivent celle-ci comme impliquant l’indépendance des sociétés civiles vis-à-vis du christianisme. La réduction du domaine des États pontificaux et la question romaine et marquent la relation de direction spirituelle dans les années 1860. La thèse clos l’étude de la relation en juillet 1870 suite à la définition du dogme de l’infaillibilité pontificale par le concile du Vatican, assemblée dans laquelle l’abbé Gay a eu un rôle actif comme théologien.

La direction spirituelle s’est largement déroulée par correspondance à compter de 1857, date à compter de laquelle Charles Gay réside pour vingt-cinq années à Poitiers comme vicaire général, puis évêque auxiliaire de Mgr Édouard Pie. Les documents conservés de cette relation sont le journal spirituel de la religieuse et quelque 500 lettres du directeur.

Cette thèse donne à voir l’aggiornamento de la spiritualité ou l’élaboration du mystère chrétien qui se joue dans le contexte post-révolutionnaire. L’Église est perçue à nouveaux frais comme corps mystique du Christ. La relation à Dieu s’exprime avec un sens du moi propre à la révolution romantique. La grâce est envisagée dans un rapport amical et harmonieux avec la nature qui confère à l’expérience religieuse un sentiment de pleine liberté dans la relation à Dieu.
 

Membres du jury

  • Guillaume Cuchet, directeur (Université Panthéon Sorbonne)
  • Sylvain Milbach (Université de Savoie-Mont-Blanc)
  • Marie-des-Anges Cayeux (Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin, Rome)
  • Alexandra Diriart (Institut pontifical Jean-Paul II)
  • Laurent Touze (Université pontificale de la Sainte-Croix, Rome)