Soutenance de thèse de Sophie Panziera, doctorante du laboratoire CRHEC de la faculté LLSH de l’UPEC. La thèse, dirigée par Laurence Guignard, est intitulée "Le sommeil au XIXe siècle. Normes et imaginaires du dormir (années 1770-1914)".
Date(s)
le 7 janvier 2023
Lieu(x)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Salle 216 - Centre Panthéon
12, place du Panthéon 75005 Parise du Panthéon 75005 Paris
Présentation
Sophie Panziera
Doctorante au laboratoire CRHEC de l'UFR LLSH
Résumé de la thèse "Le sommeil au XIXe siècle. Normes et imaginaires du dormir (années 1770-1914)"
La thèse propose d’analyser les représentations qui conditionnent les rapports au sommeil et aux expériences du « dormir » au XIXe siècle. Elle montre qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle, les médecins s'emparent du sommeil comme un objet d'étude à part entière, questionnant la nature et la fonction de cet état physiologique au moment où le sommeil provoqué réinterroge les frontières veille/sommeil.Les innovations techniques permettent dans le même temps de faciliter la vie nocturne, jusqu’à pouvoir la rendre quotidienne. À partir de 1789, la Révolution française érige l’énergie en valeur essentielle du citoyen, se réappropriant et exaltant une culture de la veille politique. S’installe alors un nouveau rapport au temps social, politique et naturel. Le XIXe siècle définit le besoin de sommeil non plus comme un impondérable calqué sur les rythmes cycliques répondant aux lois de la nature, mais dépendant des rythmes propres au corps, relevant de la physiologie individuelle, que les sciences médicales sont chargées de comprendre et déterminer. Puis la norme d’un sommeil de huit heures est réappropriée et revendiquée par une partie du corps social comme un impératif de santé civilisationnel, avant d’être entériné par la législation.
L’analyse des discours tenus sur le sommeil entre les années 1770 et 1910 révèle ainsi une dichotomie entre d’un côté les injonctions à la veille citoyenne, politique, artistique, laborieuse, comme un idéal à atteindre pour accéder à la reconnaissance sociale, et de l’autre, la formulation progressive des prescriptions médicales et sociales au bien dormir, les secondes prenant progressivement le pas sur les premières à partir du second XIXe siècle, sans que ces dernières ne s’effacent complètement. En ce sens, le tournant du XXe peut ainsi être lu comme un moment de revendication et de conquête d’un temps de sommeil suffisant pour toutes et tous, dans la formulation sociale d’un « droit au sommeil ». S’appuyant sur les discours médicaux, elle aboutit paradoxalement à une nouvelle naturalisation du besoin de dormir.
Membre du jury
M. HERVÉ GUILLEMAIN, Université du Mans
Mme STEPHANIE SAUGET, Université de Tours
M. ALAIN CABANTOUS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Mme ANNE CAROL Université Aix- Marseille
Mme JACQUELINE CARROY Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
Mme LAURENCE GUIGNARD, Université Paris-Est Créteil, directrice (a repris la direction de la thèse après le décès Dominique Kalifa en 2020).