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Appel à communications "Création de norme et de normalité : constructions et adaptations"
Publié le 20 juillet 2017
Appel à communication "Création de norme et de normalité: constructions et adaptations", journée de doctorants qui se déroule en Octobre 2017, co-organisée par Ekaterina Martemyanova et Marine Tesson, doctorantes du CRHEC.
Date(s)
du 20 juillet 2017 au 5 septembre 2017
Les définitions de la « norme », du « normal » et du « typique » varient selon les périodes, les espaces et les contextes dans tous les domaines recouverts par les champs des études en sciences humaines et sociales: à l’heure actuelle, les notions des normes sociales, éthiques, religieuses et culturelles sont opératoires dans les sciences de l’homme. Le « normal » s’exprime, indirectement, à travers les préjugés, les « idées reçues », –Flaubert oblige ! – les répétitions ou bien au contraire à travers les silences de sources.
Dans les sphères de la politique où la norme est pensée, conceptualisée, institutionnalisée, sa construction peut être retrouvée. Par exemple, les historiens du droit se penchent sur l’élaboration des normes juridiques, souvent à travers la tension, la concurrence entre différents types d’instances normatives. Les tendances historiographiques se manifestent donc par le rapprochement entre histoire et droit en particulier et par l’élargissement du concept de norme au-delà du droit [Beaulande-Barraud et al., 2012]. Le quotidien lui-même est impacté par ces normes, intériorisées par les individus, ou au contraire, quand la norme est imposée par le haut, rejetées dans une opposition plus ou moins massive.
La norme est aussi perceptible dans de nombreux autres domaines, bien au delà du droit, comme un acquis allant de soi, qu’il n’est pas nécessaire d’expliciter. Par exemple, elle se perçoit aussi dans les rites et cérémonies, ou encore à travers les formes de la représentation iconographique et architecturale, déjà envisagées par Véronique Beaulande-Barraud et Elsa Marmursztejn à travers la notion de « règles de conformité non écrites ».
L’analyse affinée de la création de la norme et du normal amène à penser que pour la connaître il est important d’étudier l’essence de ce phénomène et son apport social et culturel. Les étapes de sa construction, ses modalités et ses temporalités, ainsi que ses potentielles adaptations pour devenir norme acceptée et acceptable par toute une société méritent d’être étudiées. Les études juridiques introduisent la notion d’« effectivité » de la norme [Leroy, 2011], c’est-à-dire, du lien avec le fait réel. Ainsi, il est souvent question de révéler la force normative [Thibierge, 2009], qui donnait de la valeur à un dispositif en voie de devenir une norme communément acceptée, et les modalités de la diffusion de celle-ci. Au sens large, ce rôle peut être aussi joué par l’opinion publique, par exemple, ou par le poids d’autorité morale d’un individu etc.
Mais souvent, pour trouver l’origine d’une norme, on s’attache généralement plutôt à l’inédit, à l’exceptionnel. La norme quant à elle ne fait son apparition bien souvent qu’au moment de sa transformation, remarquée par le philosophe français Georges Canguilhem (1904-1995) [Le Blanc, 2012]. La méthode pour la retrouver peut partir de l’unique, de l’inédit: par exemple, quand l’historien moderniste Robert Darnton s’adresse au folklore français, il est à la recherche, entre autres, des normes présentées à travers la langue des contes, alors que la tâche du chercheur consistait à trouver la piste vers leur origine [Darnton, 1985].
Accessoirement, la création de la norme est souvent accompagnée par la définition de l’anormal. Les deux éléments peuvent se présenter comme clés pour la construction de l’identité ou comme critère de la marginalisation. Il est donc question de définir les critères de norme (politique, législative, sociale, religieuse ou culturelle) et de normalité (perçue comme telle, intériorisée, du côté du « bien »).
Enfin, la norme pose question au chercheur. Elle provient alors du travail de classification et de systématisation, réalisé tout au long de l’analyse scientifique. Le chercheur organise inévitablement son récit selon les valeurs prédéfinies par l’objet d’étude. Or, souvent, ce filtrage provient de l’état des sources ou de l’insuffisance de l’information. L’historien Henri-Irénée Marrou l’a dit : « l’archéologue, l’archiviste recueille tout, doit tout recueillir, ne rien laisser perdre du passé : il s’honore lorsqu’il peut retrouver chez un chiffonnier tel lot qu’une administration négligente avait vendu comme “papiers sans intérêt”, car il pourra toujours survenir un historien capable de poser la question pour laquelle ces papiers, ou ces menus tessons, prendront valeur de document » [Marrou, 1954].
• Les communications devront s’inscrire dans un des axes suivants :
- L’institution d’une norme ou son affirmation : quel contenu, quelles modalités de diffusion et quelle force normative? Est-il toujours possible de trouver la source et les modalités de fabrication d’une norme ? Par quels moyens a-t-on déduit l’existence de la norme (ou de l’exceptionnel)? Comment s’était-elle imposée et dans quels groupes?
- La destruction/transformation de la norme et du normal. La norme, que fabrique-t-elle? Quel est l’effet d’une anomalie que celle-ci produit sur la norme précédente? Pour exister, la norme, doit-elle faire face à des processus d’adaptation sociale?
- Le filtrage de la recherche scientifique : quel effet est apporté par l’état/présentation des sources/information?
Cette journée de doctorant.e.s s’inscrit dans un axe de recherche « Normes et exercice de la norme » et aura pour objectif de présenter les travaux des doctorants autour d’une question concernant tous les sujets de recherche de ces derniers. Elle pourra prendre une forme méthodologique ou concerner plus directement leurs recherches en cours.
• Date et lieu
Octobre 2017, Université Paris-Est Créteil
• Format et calendrier de proposition des communications
Les propositions de communications peuvent être envoyées avant le 5 septembre 2017 à l’adresse creation.norme@gmail.com. Les résumés sans titres ne doivent pas dépasser 1500 caractères, espaces compris, et doivent être accompagnés d’une courte présentation de l’auteur.
• Comité d'organisation
- Ekaterina Martemyanova, doctorante du CRHEC
- Marine Tesson, doctorante du CRHEC
Dans les sphères de la politique où la norme est pensée, conceptualisée, institutionnalisée, sa construction peut être retrouvée. Par exemple, les historiens du droit se penchent sur l’élaboration des normes juridiques, souvent à travers la tension, la concurrence entre différents types d’instances normatives. Les tendances historiographiques se manifestent donc par le rapprochement entre histoire et droit en particulier et par l’élargissement du concept de norme au-delà du droit [Beaulande-Barraud et al., 2012]. Le quotidien lui-même est impacté par ces normes, intériorisées par les individus, ou au contraire, quand la norme est imposée par le haut, rejetées dans une opposition plus ou moins massive.
La norme est aussi perceptible dans de nombreux autres domaines, bien au delà du droit, comme un acquis allant de soi, qu’il n’est pas nécessaire d’expliciter. Par exemple, elle se perçoit aussi dans les rites et cérémonies, ou encore à travers les formes de la représentation iconographique et architecturale, déjà envisagées par Véronique Beaulande-Barraud et Elsa Marmursztejn à travers la notion de « règles de conformité non écrites ».
L’analyse affinée de la création de la norme et du normal amène à penser que pour la connaître il est important d’étudier l’essence de ce phénomène et son apport social et culturel. Les étapes de sa construction, ses modalités et ses temporalités, ainsi que ses potentielles adaptations pour devenir norme acceptée et acceptable par toute une société méritent d’être étudiées. Les études juridiques introduisent la notion d’« effectivité » de la norme [Leroy, 2011], c’est-à-dire, du lien avec le fait réel. Ainsi, il est souvent question de révéler la force normative [Thibierge, 2009], qui donnait de la valeur à un dispositif en voie de devenir une norme communément acceptée, et les modalités de la diffusion de celle-ci. Au sens large, ce rôle peut être aussi joué par l’opinion publique, par exemple, ou par le poids d’autorité morale d’un individu etc.
Mais souvent, pour trouver l’origine d’une norme, on s’attache généralement plutôt à l’inédit, à l’exceptionnel. La norme quant à elle ne fait son apparition bien souvent qu’au moment de sa transformation, remarquée par le philosophe français Georges Canguilhem (1904-1995) [Le Blanc, 2012]. La méthode pour la retrouver peut partir de l’unique, de l’inédit: par exemple, quand l’historien moderniste Robert Darnton s’adresse au folklore français, il est à la recherche, entre autres, des normes présentées à travers la langue des contes, alors que la tâche du chercheur consistait à trouver la piste vers leur origine [Darnton, 1985].
Accessoirement, la création de la norme est souvent accompagnée par la définition de l’anormal. Les deux éléments peuvent se présenter comme clés pour la construction de l’identité ou comme critère de la marginalisation. Il est donc question de définir les critères de norme (politique, législative, sociale, religieuse ou culturelle) et de normalité (perçue comme telle, intériorisée, du côté du « bien »).
Enfin, la norme pose question au chercheur. Elle provient alors du travail de classification et de systématisation, réalisé tout au long de l’analyse scientifique. Le chercheur organise inévitablement son récit selon les valeurs prédéfinies par l’objet d’étude. Or, souvent, ce filtrage provient de l’état des sources ou de l’insuffisance de l’information. L’historien Henri-Irénée Marrou l’a dit : « l’archéologue, l’archiviste recueille tout, doit tout recueillir, ne rien laisser perdre du passé : il s’honore lorsqu’il peut retrouver chez un chiffonnier tel lot qu’une administration négligente avait vendu comme “papiers sans intérêt”, car il pourra toujours survenir un historien capable de poser la question pour laquelle ces papiers, ou ces menus tessons, prendront valeur de document » [Marrou, 1954].
• Les communications devront s’inscrire dans un des axes suivants :
- L’institution d’une norme ou son affirmation : quel contenu, quelles modalités de diffusion et quelle force normative? Est-il toujours possible de trouver la source et les modalités de fabrication d’une norme ? Par quels moyens a-t-on déduit l’existence de la norme (ou de l’exceptionnel)? Comment s’était-elle imposée et dans quels groupes?
- La destruction/transformation de la norme et du normal. La norme, que fabrique-t-elle? Quel est l’effet d’une anomalie que celle-ci produit sur la norme précédente? Pour exister, la norme, doit-elle faire face à des processus d’adaptation sociale?
- Le filtrage de la recherche scientifique : quel effet est apporté par l’état/présentation des sources/information?
Cette journée de doctorant.e.s s’inscrit dans un axe de recherche « Normes et exercice de la norme » et aura pour objectif de présenter les travaux des doctorants autour d’une question concernant tous les sujets de recherche de ces derniers. Elle pourra prendre une forme méthodologique ou concerner plus directement leurs recherches en cours.
• Date et lieu
Octobre 2017, Université Paris-Est Créteil
• Format et calendrier de proposition des communications
Les propositions de communications peuvent être envoyées avant le 5 septembre 2017 à l’adresse creation.norme@gmail.com. Les résumés sans titres ne doivent pas dépasser 1500 caractères, espaces compris, et doivent être accompagnés d’une courte présentation de l’auteur.
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